mardi 29 juillet 2014

Un été à Osage County


Toujours en retard d'un train sur les wagons de films qui s'enchaînent les uns après les autres, découverte de Un été à Osage County. Sombre, dense, remarquablement écrit et interprété, le film nous plonge au coeur d'une famille soulevée par de noirs secrets dans une Amérique profonde que n'aurait pas reniée Tennessee Williams. Meryl Streep nous scotche une nouvelle fois mais aussi tous les interprètes qui l'accompagnent, Julia Roberts en tête, qui n'hésite pas à se montrer plus vraie que nature. Juliette Lewis, Ewan Mac Gregor, Chris Cooper, Delmot Mulroney, sans oublier Sam Shepard, n'en sont pas moins remarquables. Adapté de la pièce de Tracy Letts et produit par George Clooney, cet Ovni nous touche de par son humanité qui recèle de rares moments de vérité. Entre deux blockbusters le cinéma américain n'a rien perdu de sa force dramaturgique lorsqu'il n'hésite pas à sortir des sentiers cent fois rebattus.


Certaines critiques ont été faites à Meryl Streep dans ce film à qui l’on a reproché de sur-jouer. Mais c'est je crois le personnage de la mère qui sur-joue. Elle est « comédienne » dans l'âme et n'hésite pas à tous les subterfuges pour se faire plaindre, qu'on s'occupe d'elle, ressassant sans cesse son passé comme une tragédienne parfois pitoyable et pathétique. Elle veut qu'on la regarde encore, qu'on l'aime à tout prix, telle une star déchue, (elle fait une identification sur sa mère, abusive, dont elle n'arrive pas à se sortir)  tentant maladroitement à rester la maîtresse de maison qui tient à conserver un quelconque pouvoir, une aura, pour palier à ses manques et à sa jeunesse perdue. Mais rien n'y fait et elle opère jour après jour une sorte de suicide affectif qui n'est autre qu'un désir d'amour mal assouvi et dont on trouve justement l'origine chez sa mère (l'histoire des bottes) Personne autour d'elle n'arrive plus à trouver la force de l'aimer, tellement elle gonfle d'excès en tous genres, ce qui la précipite encore davantage dans sa chute. La scène finale où elle danse, ivre, fait référence à la première scène et dans sa solitude profonde elle ne peut s'empêcher d'être une excroissance d'elle-même dans tous ses états. Qui d'autre que Meryl Streep, si haute en couleurs, aurait pu jouer un tel personnage... Garbo, Dietrich, Gloria Swanson, Elizabeth Taylor (on pense à Qui a peur de Virginia Woolf) autant de « monstres sacrés » pour incarner  la démesure de tragiques destins qui n'épargnent rien sur leur passage et n'en sont pas moins dérangeants pour le spectateur.