lundi 5 octobre 2015

Disparition de John Guillermin


Le réalisateur John Guillermin est décédé à l’âge de 90 ans. Né à Londres de parents français, il avait servi dans la Royal Air Force durant la 2e guerre mondiale. A 24 ans il avait produit et réalisé son 1er long-métrage, Torment, un thriller à petit budget où il s’illustrait déjà brillamment en matière de suspense. Sa manière de filmer très moderne pour l’époque (plans avec des amorces, cadrages obliques) et son sens du rythme le prédestinaient notamment aux polars et aux films d’action qui firent par la suite sa renommée internationale. (Le crépuscule des aigles, Le pont de Remagen, La tour infernale). On connaît peu son œuvre britannique d’avant 1960. Magnifiquement restaurés et réédités en DVD et Blu Ray, on peut redécouvrir The crowded day (1954), chronique sociale sur la vie de 5 vendeuses dans un grand magasin et Song of Paris (1952) comédie légère qui prouve que Guillermin avait la capacité de s’adapter à tous les genres. 

En 1957 il se fit remarquer avec Town of Trial (Traqué par Scotland Yard), interprété par Charles Coburn et John Mills,  polar très tenu qui avait pour cadre une petite ville d’Angleterre où se déroulait une série de meurtres. Il signa aussi ce que certains considèrent comme son meilleur film, Monty’s double (Contre-espionnage à Gibraltar, 1958) avec John Mills, histoire véridique où un double du général Montgomery servait d’appât aux Allemands pour empêcher le débarquement. Citons aussi Tarzan's greatest adventure (La plus grande qventure de Tarzan, 1959) avec Gordon Scott et Sean Connery à ses débuts, l’un des grands films de la série, superbement filmé et mis en scène.

Never let go (1960), critiqué à l’époque pour ses scènes de violence, montrait Peter Sellers dans l’un de ses rares rôles dramatiques ce qui prouve l’étendue du talent du réalisateur. Personnellement j’aime beaucoup The blue Max (Le crépuscule des aigles, 1966) avec George Peppard et James Mason qui n’a pas pris une ride avec sa magnifique photo de Douglas Slocombe, chef opérateur des Rencontres du 3ème type. Cette histoire emblématique d’un ambitieux aviateur de la 1ère guerre mondiale qui se heurte à ses supérieurs est un modèle du genre et le final demeure toujours aussi impressionnant. On n’oubliera pas non plus son célèbre Pont de Remagen, film sans temps mort, ni Mort sur le Nil, agréable variation d’Agatha Christie adaptée par Anthony Shaffer où l’on retrouvait ni plus ni moins Bette Davis.  


John Guillermin s’illustra enfin par le légendaire Towering inferno (La tour infernale, 1972) qui tient encore le coup au vu de son époque et surtout compte tenu du nombre de films catastrophes récents qui, en dehors de la modernité de leurs effets spéciaux, ne lui atteignent pas la cheville en terme de scénario. La construction du film, la densité et l'équilibre entre les personnages contribuent à nourrir le film d'un intérêt constant au cours de l’évolution des conflits, beaucoup de crédibilité étant apportée au fur et à mesure que l'étau se resserre sur les protagonistes. De plus le soin apporté à certains effets spéciaux surprend encore et Gullermin sait jouer de suspense et d'émotion sans jamais céder à la facilité. Si les derniers films du cinéaste déçurent, il n’en reste pas moins que le réalisateur fit les beaux jours du cinéma des années 50-60-70 en remplissant les salles avec des films aux histoires solides très adroitement réalisées. Parcours qui mérite d’être salué.